Dans l’univers de la beauté des mains, la santé de l’ongle est souvent mise à rude épreuve. Pose de gel, vernis semi-permanent, limage intensif… autant de pratiques esthétiques qui peuvent parfois causer des complications, parmi lesquelles figure l’infiltration d’ongle. Encore méconnue du grand public, cette affection est pourtant fréquente chez les clientes des salons d’onglerie et même chez les techniciennes elles-mêmes. Comment la reconnaître ? Quels sont les bons gestes pour la soigner et éviter les récidives ? Faisons le point sur cette pathologie qui gagne à être prise au sérieux.
L’infiltration d’ongle désigne une pénétration anormale de substances — eau, bactéries, champignons ou produits chimiques — sous la plaque de l’ongle. Cette situation survient généralement lorsque la pose d’un produit (gel, résine, semi-permanent) se décolle légèrement, créant un espace propice à la stagnation de l’humidité et à la prolifération microbienne. Il s’agit donc d’un problème à la fois esthétique et sanitaire.
Les facteurs déclencheurs sont multiples :
Savoir identifier une infiltration rapidement est essentiel pour éviter qu’elle ne dégénère en infection sérieuse. Voici les signes qui doivent alerter :
Une infiltration non traitée peut évoluer en infection plus grave, compromettant la santé de l’ongle naturel et nécessitant des soins médicaux prolongés. Dans certains cas, cela peut aller jusqu’à la perte de l’ongle ou des infections cutanées comme les panaris. De plus, les récidives sont fréquentes si les causes initiales ne sont pas corrigées.
Dès l’apparition des premiers signes, la première étape est de retirer intégralement le gel, la résine ou le vernis semi-permanent. Cette opération doit être faite avec précaution pour ne pas aggraver la situation. Il est recommandé de faire appel à une prothésiste ongulaire expérimentée ou, en cas de doute, à un dermatologue.
Une fois l’ongle libéré de tout produit, il convient de le nettoyer délicatement avec de l’eau tiède et un savon doux. Ensuite, la zone doit être désinfectée à l’aide d’un antiseptique adapté, comme de la chlorhexidine ou de la biseptine. Il est très important de bien sécher la zone, car l’humidité résiduelle favorise la prolifération des germes.
Le traitement dépend du type d’infiltration observé. En cas d’infection bactérienne, souvent repérable à une tache verdâtre, il faut appliquer un antiseptique local plusieurs fois par jour. Certaines solutions antifongiques disponibles en pharmacie, comme l’éconazole, peuvent également aider à freiner le développement bactérien. Si l’infection est fongique, identifiable par une tache blanche ou jaune, l’utilisation d’un antifongique sous forme de solution, de gel ou de vernis médical (comme l’amorolfine ou le ciclopirox) est recommandée. Ce traitement devra être poursuivi pendant plusieurs semaines. Si les symptômes persistent ou s’aggravent, une consultation médicale est indispensable.
Il est essentiel de laisser l’ongle naturel au repos pendant plusieurs semaines pour lui permettre de se régénérer complètement. Pendant cette période, il est conseillé d’hydrater régulièrement les cuticules avec une huile nourrissante telle que l’huile de ricin, de jojoba ou d’amande douce. L’application d’un durcisseur doux ou d’un soin fortifiant à base de kératine peut également favoriser la repousse. Il est important de limiter les contacts prolongés avec l’eau ou les produits détergents afin de protéger l’ongle fragilisé.
Pour éviter qu’une infiltration ne se reproduise, il est important d’adopter quelques bonnes pratiques. Il faut commencer par choisir un salon professionnel qui applique des normes strictes en matière d’hygiène. Une bonne préparation de l’ongle avant la pose est également essentielle, incluant un nettoyage soigné, une déshydratation adaptée et l’utilisation d’un primer convenable. Il faut veiller à ne pas réaliser de poses trop épaisses ou déséquilibrées, car elles augmentent le risque de décollement. L’usage de produits de qualité, correctement polymérisés sous lampe, est également crucial. Enfin, il est recommandé de porter des gants lors des tâches ménagères et d’éviter à tout prix de gratter ou de décoller soi-même le gel ou le semi-permanent.
Si malgré les soins, l’ongle reste douloureux, que la tache s’étend, ou qu’il y a du pus, il est impératif de consulter un médecin ou un dermatologue. Certaines infections nécessitent des traitements antibiotiques ou antifongiques plus puissants, voire une ablation partielle de l’ongle en cas de complication.
L’infiltration d’ongle est encore trop souvent banalisée dans le milieu de l’onglerie, alors qu’elle représente un réel risque sanitaire. Une meilleure formation des techniciennes et une sensibilisation accrue des clientes sont essentielles pour réduire ces incidents. La beauté des mains ne doit jamais se faire au détriment de la santé.
Si elle est prise à temps, l’infiltration d’ongle se soigne bien et sans séquelles. Elle constitue toutefois un signal d’alerte qu’il ne faut jamais négliger. Respect des normes d’hygiène, utilisation de bons produits, et soins réguliers : voilà les clés pour conserver des ongles beaux et sains. La prévention reste le meilleur traitement.